Texte : Claude-Alain Ferrière

La marque de Molsheim célèbre le centenaire du lancement de la fameuse Type 35,  la première Bugatti véritablement iconique à laquelle la marque doit une grande partie de sa notoriété.

Sans égale lors de son lancement, la Type 35 a remporté plus de 2’500 victoires en course durant la période où elle était officiellement engagée par la marque. Ettore Bugatti, son génial créateur, était peu restreint par les concepts ou convention de l’époque, ce qui lui a valu de doter la Type 35 de quantité d’inventions ou concepts nouveaux à l’origine de sa supériorité incontestée. Il a ainsi conçu la première automobile entièrement dessinée pour la course plutôt qu’une voiture routière modifiée pour la compétition.

Par exemple, la Type 35 était largement plus basse que ses concurrentes, son centre de gravité rabaissé lui valant un comportement dynamique bien meilleur. Un souci de légèreté a présidé à tout le développement : l’essieu avant était forgé d’une seule pièce en aluminium creux pour gagner du poids sans compromettre sa solidité. Ainsi, la voiture complète pesait juste 750 kg.

Autre exemple, c’est la première auto à avoir été dotée de roues en fonte d’aluminium pour réduire les masses non-suspendues. C’est également la première automobile dont les suspensions arrière étaient situées dans la carrosserie afin d’améliorer la trainée aérodynamique. Enfin, pour la première fois, le bloc moteur constituait un élément de résistance du châssis qui participait à sa rigidité sans en augmenter le poids. Autant d’éléments novateurs il y a 100 ans qui ont valu à la Type 35 une précision et une agilité encore jamais vue.

Les freins à tambour étaient pour la première fois actionnés par des câbles auto-équilibrés Bowden procurant un excellent freinage à l’auto. Quant au réservoir d’essence, il était pressurisé pour assurer un approvisionnement parfait des carburateurs.

Dans sa première version, la Type 35 était motorisée par un 8 cylindres en ligne de 2.0 litres à arbre à cames en têtes et 24 soupapes, alimenté par deux carburateurs et développant 90 ch.

Plusieurs déclinaisons lui ont succédé, la cylindrée passant à 2.3 litres simultanément à l’ajout d’un compresseur. Grâce à un vilebrequin en aluminium sur roulements à rouleaux et à billes qui supprimait la nécessité d’une lubrification à haute pression, ce moteur pouvait atteindre 6’000 t/min – un régime record pour l’époque – et développait jusqu’à 140 ch sur la 35B (1927), l’une des puissances les plus élevées alors. La vitesse maximale était de 184 km/h.

La Type 35, produite à plus de 600 exemplaires entre 1924 et 1930, a ainsi révolutionné la conception et l’ingénierie automobile dès son lancement et demeure assurément l’un des trois fleurons de l’ADN de la marque comme le sont l’Atlantic et la Royale. Cet ADN perdure encore dans la production Bugatti d’aujourd’hui.

Bien évidemment, si un heureux propriétaire d’une Type 35 est disposé à nous la confier pour un reportage, qu’il n’hésite pas à prendre contact avec la rédaction de Timeless Addict.