Texte : Sebastien MorandPhotos : François Cuany, Sebastien Morand

La belle anglaise essayée au début de l’année passée est finalement revenue de son séjour chez Aston Martin Works, en Angleterre. Cette Vanquish dispose maintenant d’une boite manuelle et, comme convenu, nous avons l’occasion d’en reprendre les commandes.

2020, quelle année ! De notre côté, nous avions assez bien débuté avec l’essai de cette Aston Martin Vanquish mk1. Après, les choses se sont gâtées et tout est un peu passé en mode ralenti, merci le COVID-19.

Bien évidemment cela a aussi impacté les opérations sur cette auto. Mais voilà, tout vient à point à qui sait attendre, les quelques semaines se sont transformées en plusieurs mois, presque une année dans l’absolu, et la voiture est finalement de retour chez Klausen Cars.

Comme je l’explique dans mon article précédent, la première génération de la Vanquish dégage une aura toute particulière et malgré quelques détails de finition pas très valorisants, on lui pardonne tant son charme est ensorcelant. Enfin ça c’est avant d’avoir testé sa dramatique boite de vitesse. Une transmission mécanique séquentielle à simple embrayage au fonctionnement très, mais vraiment très, lent. Une fois l’expérience vécue, je l’avoue, même si sa carrosserie me fait succomber, je pense que je ne pourrais pas craquer au point d’en acheter une.

Mais tout cela, c’était avant. Car maintenant, suite au travail réalisé par Aston Martin Works dont les ateliers sont situés à Newport Pagnell, le fief historique de la marque, notre Vanquish dispose d’une boite manuelle. Oui oui, une véritable boite de vitesses manuelle, agrémentant ainsi l’habitacle d’un sélecteur 6 rapports + marche arrière et d’une troisième pédale.

Si cela n’a jamais été disponible officiellement au catalogue lors de la carrière de cette Vanquish (2001 – 2007), le département Works a proposé cette conversion dès l’annonce de l’arrêt de sa production tant les commentaires négatifs à l’égard de la transmission d’origine fusaient.

La transformation effectuée par Aston Martin Works est vraiment de bonne facture. Si vous n’avez pas connaissance que d’origine la Vanquish n’a jamais existé avec une boite manuelle, vous ne remarquerez rien du tout.

De plus, sur notre voiture d’essai, la console centrale ainsi modifiée a même une plus belle allure car l’élément principal en plastique est dorénavant recouvert de cuir. L’intégration du levier de vitesse est aussi très bien faite, avec l’utilisation d’aluminium et de cuir. Notons encore les surpiqûres rouges afin de coller à l’ensemble de la finition intérieure.

En m’installant au volant, je me rends immédiatement compte que l’espace pour mes pieds est plutôt restreint. C’est une évidence, il n’était pas prévu d’avoir trois pédales. Je recommande donc de privilégier des baskets pour conduire, au lieu de vos Crockett & Jones, les amateurs du fameux agent secret britannique comprendront. Le maniement de la boite semble offrir des débattements plutôt courts, il me tarde de prendre la route.

Comme de coutume, j’aborde les premiers kilomètres avec humilité car je ne cesse de répéter qu’il faut apprendre à connaître une auto avant de bêtement écraser l’accélérateur. Attitude timorée aux yeux de certains, c’est pour moi un signe de respect. N’est pas gentleman qui veut, n’est-ce pas Mr Bond, et cela même avec une voiture.

Très rapidement, je découvre un tout autre caractère à cette emblématique anglaise. La boite manuelle met en exergue le tempérament envoûtant de son majestueux V12. Pour rappel, ce dernier développe 466 ch et un couple de 542 Nm.

Cette conversion transfigure radicalement la Vanquish, elle affiche enfin l’esprit que ce modèle aurait toujours dû avoir, avec toute la prestance et la bestialité qui vont de pair avec sa robe. La gestion des changements de rapports, que ça soit l’embrayage ou le levier, se fait facilement en regard de l’imposante mécanique. On ressent assez bien que tout cela est un peu artisanal, presque un peu brut, mais je trouve que ça correspond parfaitement à l’âme de cette Vanquish.

Au vu des températures relativement basses lors de mon essai, mais aussi d’une monte pneumatique à priori en fin de vie, je reste prudent dans ma manière de solliciter la cavalerie. Toutefois, sur les quatre premiers rapports, la poussée se fait ressentir clairement, c’est super bon. J’en viens même à douter que ça puisse être la même Vanquish que celle essayée l’année passée. Vraiment, l’implémentation de cette boite manuelle change foncièrement le caractère de la voiture. Les montées en régime du V12, avec sa magnifique mélodie, vous procurent des sensations encore plus enivrantes.

Le seul bémol a tout cela, c’est qu’on a du coup tendance à pousser un peu plus notre Aston et c’est tout logiquement qu’on fait face à son poids. Il faut rappeler que ça reste avant tout une GT et non pas une sportive radicale. Le comportement routier est certes plutôt bon, mais il faut privilégier les grands enchainements plutôt que les virolets d’une route de montagne. A ce jeu, je pense que sa grande rivale à mes yeux, la Ferrari 550/575 Maranello fera mieux. D’ailleurs, on ne manquera pas de vous proposer prochainement un reportage sur cette italienne.

Reste que cette Aston Martin Vanquish, première du nom, offre un ensemble parfait dans l’esprit des GT anglaises. Confortable, capable d’avaler les longues distances en toute quiétude, mais aussi en mesure de vous procurer quelques sensations bestiales dès qu’on sollicite son impressionnant V12.

A la question « Est-ce que cette conversion est intéressante ? », je réponds bien évidemment par la positive, tant les changements sont bénéfiques à tout point de vue. Certes, la modification demande un certain investissement, environ £ 30’000.-, et un peu de logistique car il faut selon moi impérativement le faire dans les règles de l’art, chez Aston Martin Works. Toutefois, l’impact sur la cote la voiture est aussi très intéressant.

Et, finalement, si vous êtes impatient, il y a toujours l’exemplaire de notre article qui est disponible à la vente. Mais pas pour longtemps je pense, car les Aston Martin Vanquish « Manual » sont une denrée plutôt rare sur le vieux Continent et maintenant je vous assure que je comprends parfaitement pourquoi.

Nos remerciements à Klausen Cars à Gland pour le prêt de cette Aston Martin Vanquish de 2003, équipée d’une boîte manuelle.