Après une pause contrainte en 2021 pour les raisons que nous connaissons tous, et ce malgré plusieurs tentatives de report, le salon Rétromobile revient cette année à Paris du 16 au 20 mars.
Par chance pour les organisateurs, qu’il nous faut avant tout féliciter pour le travail fourni dans ce contexte, la date prévue tombe dans la bonne fenêtre sur le plan épidémique puisque la levée des mesures de précaution permet de profiter d’un salon comme nous en avions l’habitude avant l’irruption du Covid dans nos vies.
Timeless Addict vous propose un rapide tour d’horizon de cet opus 2022.
Bien entendu, la teneur de cette édition et le retour du salon après cette pause forcée instillent une bonne humeur générale dans les allées, et le contenu présenté ne déçoit pas, même s’il n’y a sans doute pas encore le volume des grandes années.
Contexte oblige également, et à quelques rares exceptions, les marchands étrangers, animateurs historiques de Rétromobile, manquent à l’appel, ainsi que de nombreux constructeurs, autrefois présents en masse afin de promouvoir leurs départements « Classic ».
Ainsi que je l’énonçais, indépendamment de tout cela, le contenu ne déçoit pas car la qualité présentée est largement à la hauteur des attentes.
Premier point d’intérêt notable du salon, l’exposition réservée aux McLaren F1 réalisée sous la houlette de Simon Kidston.
Si Richard Mille nous avait déjà gâté en 2020 avec quatre exemplaires, dont l’auto victorieuse en Mans (châssis 001R) et la magnifique « César » (Châssis 005R), ce sont cette année pas moins de 7 autos qui sont rassemblées. Belle proportion d’une production totale, toutes spécifications confondues, de 106 unités !
Sont ainsi exposés les châssis XP3, 016R, 007, 053, XPGT, 025R et 025.
Si toutes les McLaren F1 ont une histoire intéressante, certaines des autos présentées sont extraordinaires.
Ainsi, XP3, pour Experimental Prototype 3, est le dernier prototype restant et donc la plus ancienne McLaren F1 existante. XP1 avait en effet été détruite lors des tests tandis qu’XP2 avait servi aux crash tests.
Jusqu’à sa vente il y a quelques années, XP3 était restée entre les mains de Gordon Murray himself, qui en avait un usage très fréquent. Il s’agit très certainement de l’une des McLaren les plus kilométrées.
016R a de son côté couru en 1996, terminant par exemple 11ème aux 24h du Mans cette année-là, exploitée par le Team Bigazzi et sa célèbre décoration en damiers aux couleurs de BMW Motorsport. Devenue « road legal » par la suite, et repeinte alors en « Papaya Orange », 016R a aujourd’hui retrouvé ses couleurs racing.
Pour l’anecdote, cet exemplaire avait été mis en vente pour $ 695’000.- en 2003, sachant que la dernière McLaren F1 vendue aux enchères en 2021 s’est échangée à plus de 20 millions de dollars…
Le châssis 007, exemplaire « Jet Black » avec l’intérieur en cuir naturel, était auparavant la voiture personnelle de Monsieur Simon Kidston.
053, l’un des deux châssis arborant une robe blanche, du nom d’un cigarettier ayant sponsorisé l’écurie McLaren à ses grandes heures des années 80 et 90, est dans un état neuf puisqu’elle n’a parcouru que 1’000 km environ depuis sa sortie d’usine en 1995.
XPGT est l’unique prototype existant de « longtail » en version route, utilisé alors pour l’homologation de son dérivé racing.
Restée la propriété de l’usine jusqu’à il y a quelques années, elle appartient à présent à un collectionneur privé. Elle n’avait plus été vue en public depuis le salon de Genève 2015.
025R est l’une des application course de la longtail, voulue pour la saison 1997 afin de concurrencer en piste les Mercedes CLK GTR et Porsche GT1.
Plus d’appuis aérodynamique, une boite de vitesse séquentielle et plusieurs raffinements permirent alors à la McLaren F1 de continuer de lutter au plus niveau, cet exemplaire ayant ainsi continué sa carrière en GT japonais avant d’entrer il y a quelques années dans une collection et de bénéficier d’une restauration totale à l’usine ainsi que d’une homologation pour un usage routier.
Penchons-nous enfin sur le châssis numéro 025, dont c’est la première sortie publique depuis 1995. Il convient de souligner que les photos ne rendent pas justice à sa somptueuse livrée « Dark Purple Pearl ».
Il s’agit tout simplement de la voiture, mythique pour les amateurs de McLaren F1, de George Harrison. Le Beatles ayant été un grand ami de Gordon Murray, ce dernier avait lors de la réalisation de l’auto multiplié les rappels et détails montant l’attachement de son futur propriétaire à la culture hindou et à Ganesh. Outre les nombreuses inscriptions et messages spéciaux, ainsi que les rappels incrustés dans les roues, le volant, le levier de boite, les interrupteurs divers ou dans la baie moteur, une petite effigie illuminée du dieu Ganesh se trouve par exemple cachées sous une plaque derrière le siège conducteur.
Jusqu’à il y a peu restée entre les mains de la famille Harrison, elle est toujours aujourd’hui dans l’exact état où George Harrison l’a laissé à son décès en 2001. Il s’agit ainsi d’une pièce tout à fait historique, dont ne nous pouvons qu’être ravis de l’apparition au grand jour.
A noter que l’inauguration de l’exposition, comprenant également quelques beaux objets de memorabilia, a été réalisée en présence de Peter Stevens, auteur du design intemporel de la McLaren F1, mais aussi de Ray Bellm, qui fut lui l’instigateur de l’engagement au combien réussi de l’auto en compétition.
Je vous disais qu’avoir sous les yeux sept exemplaires sur 106 était un moment exceptionnel, ce qui l’est encore plus étant qu’à ce jour les 7 appartiennent au même propriétaire !
Parmi les constructeurs présents cette année, Renault nous propose une exposition autour de la Renault 5 / Supercinq, dont nous fêtons le 50ème anniversaire.
De nombreux modèles historiques sont ainsi exposées (Alpine, Turbo, Supertourisme, Baccara, GT Turbo…), faisant le trait d’union avec le prototype de la futur Renault 5 électrique, dont le design très sympathique est à noter.
Cette dernière est exposée en compagnie de son aïeule, la Renault 5 électrique de 1972, réalisée à l’époque en partenariat avec EDF. L’autonomie de cette dernière devait être au maximum de 80 km pour des performances très limitées, des progrès sensibles ont heureusement été réalisés.
Notons également la présence de Citroën et DS, au travers des Club de France des marques, mais pas de Peugeot pour cette édition de Rétromobile.
Ferrari France dispose d’un petit stand autour du département « Classiche », où trône une magnifique F40, tandis que Lamborghini met à nouveau en avant son « Polo Storico », en présentant un châssis de Miura SV mis à nu, mais aussi et surtout la reconstruction du premier prototype de la Countach, la LP500.
L’original avait disparu lors d’un crash test, Lamborghini l’a recréé totalement, à la demande d’un collectionneur. La présence de Stephan Winkelman sur le stand lors de l’inauguration montre l’importance que la marque accorde à cet exemplaire et ce département.
Maserati est également présent via le Owners Club France. Trône, aux côtés notamment d’une Khamsin et d’une Bora, la nouvelle berlinette MC20, à la ligne très réussie.
Comme à l’accoutumé, les marchands ne sont pas en reste. Du fait du contexte que nous rappelions en préambule, ce sont donc les représentants français qui occupent la grande majorité des stands.
De très beaux exemplaires sont exposés, qu’il s’agisse de véhicules de compétition (Formule 1, Sauber ayant notamment apporté trois monoplaces, prototypes Groupe C, Porsche 917 Kremer, Ferrari 512BB LM et 365 GTB/4 Groupe 4 NART, 205 Turbo 16 et j’en passe) ou encore et bien entendu des voitures de collection de toutes les époques et pour toutes les bourses.
De la Youngtimer des années 80 à restaurer à la 300SL « Gullwing », en passant bien entendu par des autos d’avant-guerre, les Ferrari, les nombreuses Porsche, Mercedes, BMW, Jaguar, MG, Morgan, Rolls-Royce, Aston Martin, Mini, Fiat, etc…. Impossible de ne pas tomber sur un modèle cher à son cœur.
Je donnerais une mention spéciale à la splendide Ferrari 312 PB, championne du monde en 1972 aux mains de Ronnie Peterson et Tim Schenken, exposée par Guikas GTC.
Quelques stands proposent également à présent du rétrofit électrique sur les autos anciennes.
Hérésie pour les uns, solution d’avenir pour les autres, la qualité des solutions proposées est toutefois à souligner, bien loin de l’artisanat des premières conversions.
Plusieurs expositions dans l’exposition sont à voir. Le musée de la Gendarmerie Nationale française dévoile par exemple quelques-uns de ces véhicules emblématiques. Estafette ou Alpine A310 V6 sont présentes, ainsi qu’un hélicoptère Alouette.
Également bien en vue figure une exposition Gordini, où sont exposés les modèles les plus emblématiques passés entre les mains du célèbre préparateur.
Pas de Rétromobile sans vente aux enchère Artcurial et il nous faut donc aussi évoquer le contenu de la vente qui se tiendra les 18 et 19 mars.
Plus de 272 lots, voitures (de route ou de compétition) motos et objets divers, seront ainsi échangés sous le marteau de Maître Poulain avec en point d’orgue la collection de la succession de Maître Etienne Léandri, avocat monégasque, notamment constituée d’une splendide lignée de supercars Ferrari (F40, F50, Enzo, 599 GTO, et La Ferrari).
Impossible de citer ici l’ensemble des lots mais évoquons tout de même la présence d’une Formule 1 McLaren M30 de 1980, pilotée alors par John Watson et Alain Prost. Notons aussi une magnifique Porsche 907 ainsi qu’une 911 3.0 RSR, au milieu de modèles de la marque plus « conventionnels » et d’un panel de BMW de compétition, de Rolls-Royce, Ferrari, etc…
Nous conclurons notre visite en cheminant comme de coutume, au travers des stands des très nombreux clubs, éditeurs, marchands de livres, de miniatures, de pièces, de memorabilia, de vêtements, ou, bien entendu, de produits d’entretien divers nécessaires à tout amateur qui se respecte. Il est impossible de repartir du salon les mains vides !
Nous espérons par ce rapide tour d’horizon vous avoir donné envie de courir vous-même à la Porte de Versailles à Paris avant le soir du dimanche 20 mars pour apprécier de vos yeux la qualité de l’exposition présentée.