Morgan Motor Company, voilà une marque automobile qui représente parfaitement le terme intemporel. Les autos se succèdent depuis plus de 110 ans et on a l’impression qu’elles n’évoluent pas vraiment, enfin surtout qu’elles ne vieillissent pas.
La Plus Four est un bon exemple puisque le modèle a été lancé en 1950 et aujourd’hui, plus de 70 ans après, c’est la toute dernière mouture que nous découvrons pour Timeless Addict.

Au premier coup d’œil, difficile de définir si cette nouvelle Plus Four date de 2021 ou d’avant, et bon nombre de personnes n’arrivent pas vraiment lui donner un âge. C’est ça l’effet Morgan.
Toutefois, celle qui nous intéresse aujourd’hui est clairement nouvelle puisque seulement 3% des éléments sont identiques à la génération précédente. Je vous l’accorde, il faut être un fin connaisseur pour distinguer les différences et c’est avant tout sous la robe de l’anglaise que c’est le plus flagrant.
Tout d’abord, cette Plus Four repose sur la nouvelle plateforme CX-Generation en aluminium fixé, au lieu du traditionnel châssis en acier. Plus léger et plus rigide, ce châssis apporte une évolution majeure. Cela permet d’améliorer le comportement routier mais aussi, grâce à un empattement plus grand, alors que les dimensions extérieures sont les mêmes que la version précédente, l’habitabilité de l’auto qui devient ainsi plus intéressante. On peut également mentionner qu’il est bien plus facile d’entrer et sortir de la voiture.
La structure qui abrite la carrosserie est elle toujours en bois, il ne faudrait pas tout révolutionner. Autre chose qui n’a pas changé : les Morgan sont toujours faites à la main, une merveilleuse tradition.
Autre nouveauté : pour animer cette Plus Four, le constructeur britannique utilise une motorisation BMW, le quatre cylindres en ligne 2.0 biturbo, nom de code B58, au lieu du Ford Duratec.
Première fois qu’une Morgan dispose d’un moteur turbo et première fois que la Plus Four est également proposée avec une transmission automatique. En effet, si, de série, la voiture dispose d’une boite manuelle 6 rapports, il est possible de choisir, en option, une boite automatique à huit vitesses.
Cette mécanique offre une puissance de 255 ch, à 5’500 t/min en manuelle et à 4’400 t/min en automatique. Notre voiture d’essai équipée de la boite manuelle dispose d’un couple maximum de 350 Nm entre 1’000 et 5’000 t/min. Avec la transmission automatique, c’est 400 Nm qui sont disponibles entre 1’000 et 4’300 t/min.
Avec un poids légèrement supérieur à la tonne, les performances sont au rendez-vous, avec notamment un 0-100 km/h réalisé en 5.2 secondes (4.8 secondes pour la version automatique), alors que la vitesse maximum est de 240 km/h. C’est mieux que la Morgan V6 3.7 de l’ancienne génération et c’est également mieux que la BMW Z4 30i, qui dispose de la même mécanique, mais qui est bien plus lourde.
Il existe même un mode S+ qui propose un paramétrage plus dynamique, mais je ne trouve pas cela très utile au vu de la voiture. En revanche, c’est cool car ça offre une sonorité plus sympathique à l’échappement.

Concernant la ligne de la nouvelle Plus Four, difficile de dire qu’elle a changé. En effet, une Morgan reste une Morgan. Dans l’absolu, on ne voudrait pas vraiment que cela soit différent car son charme est indéniable et cela à travers les années.
On retrouve donc un poste de pilotage placé très en arrière et des longues ailes qui enlacent le long capot avec, en figure de proue, la traditionnelle calandre chromée. En dessous de cette dernière, je note quand même une prise d’air qui confère à l’auto un peu plus de caractère, dans l’esprit de ces grandes sœurs, la Plus Six et la Plus 8.
Pour le reste, c’est un savant mélange de tradition et d’innovation, avec par exemple toujours des jantes à rayons métalliques (en option) et des feux avant à LED. Ce style indémodable me plait beaucoup et, à en croire le regard des gens ainsi que les pouces levés, je ne suis pas le seul. J’aime également beaucoup la teinte Sport Blue de notre voiture d’essai, elle lui sied parfaitement et le mariage avec l’intérieur Tan est des plus réussi.
Autre chose qui ne change pas, la capote. Toujours en tissu et au maniement un peu fastidieux, mais cela fait partie du charme de l’auto. Je précise cependant qu’il y a eu quand même quelques améliorations et c’est un peu plus facile de la mettre ou de l’enlever. De plus, une fois en place, son isolation est relativement bonne et, pour avoir roulé sous la pluie, j’ai pu constater qu’elle est parfaitement étanche, enfin presque… mais ça ne serait pas drôle sinon.
A bord, peu de changements également. Là encore, le constructeur fait la part belle aux traditions, avec l’utilisation de bois pour habiller l’habitacle. L’ambiance est unique, mais avec une pointe de modernité quand même. Il y a, par exemple, un verrouillage central et un affichage digital derrière le volant, alors que les traditionnels compteurs sont eux toujours au centre du tableau de bord.
La présentation est de bonne facture avec une qualité en hausse tout en conservant cette touche d’authenticité du fait que c’est assemblé à la main. Encore une fois, cela fait partie de l’ensemble de ce qu’une Morgan propose et ça serait regrettable que cela change radicalement.
Petit bémol pour les rangements, car entre la minuscule boite à gants et le petit espace derrière les sièges, il faudra voyager léger. Enfin, comme vous avez dû souvent le remarquer en croisant des Morgan sur la route, il sera judicieux d’installer un porte-bagages sur la roue de secours, vu qu’il n’a pas de coffre à proprement parler.
Une fois installé au volant, le voyage dans le temps est immédiat. J’ai l’impression d’être dans une ancienne, mais dès les premiers tours de roue, la facilité est de mise, confirmant que l’auto est bien moderne.
Le plus flagrant c’est la rondeur et la douceur du moteur. C’est presque trop lisse à mon goût, mais cela a le mérite de rendre cette Plus Four parfaitement exploitable par tout le monde. La légèreté de la voiture et le couple généreux offrent un excellent agrément de conduite, on est à l’aise pour avaler les kilomètres. Néanmoins, la suspension est plutôt ferme et comme on est assis presque sur l’essieu arrière, on est loin du confort ultime, mais ce n’est pas catastrophique pour autant. Il faut quand même garder à l’esprit que c’est une Morgan et non pas une Rolls-Royce, ou simplement une BMW Z4.
J’aborde les premiers kilomètres sur autoroute, avec la capote en place, et je suis surpris de constater que c’est plutôt agréable. A 120 km/h, en sixième, le régime moteur est à 1’800 t/min et les relances sont parfaitement acceptables. Vraiment je suis bluffé par l’homogénéité de cette mécanique.
Reste qu’à mes yeux, c’est sur les petites routes qu’on doit utiliser une Morgan. Je me dirige donc vers celles qui me sont chères, notamment le col du Marchairuz et à la Vallée de Joux. Très rapidement je découvre le potentiel du quatre cylindre biturbo et, associés au poids contenu, les 255 canassons permettent d’appliquer un rythme soutenu. Attention quand même de ne pas trop s’emballer, le comportement routier est certes meilleur que sur la génération précédente, mais cela reste une Morgan.
Du coup, je ressens une légère frustration, tant le potentiel de la mécanique est présent. J’en viens même à me demander s’il était nécessaire de mettre autant de chevaux sous le capot. Bien sûr cela permet de proposer suffisamment de puissance lors de dépassements, mais globalement il faut garder à l’esprit que cette Plus Four ne doit pas se conduire comme une sportive. Après quelques jours, j’ai assimilé cela et je profite pleinement de cruiser tout en exploitant ponctuellement les ressources à disposition.

Savant mélange d’authenticité et de modernité, cette nouvelle Morgan Plus Four offre tout le charme d’une voiture ancienne avec l’agrément d’une auto-plaisir qu’on pourrait facilement utiliser au quotidien. Le constructeur britannique dispose d’une fidèle clientèle, dévouée à la marque, mais un tel modèle devrait également permettre d’attirer plus de monde. Il faut juste se mettre au volant une première fois pour découvrir quel plaisir cela apporte de rouler en Morgan.
Reste qu’avec un prix de départ fixé à CHF 87’990.-, le joujou n’est pas à la portée de toutes les bourses et c’est peut-être là que ça bloquera. Toutefois, il n’y pas vraiment de concurrence, car même si une Boxster ou une F-Type, voire une Z4, seront « mieux à tous les niveaux », aucune ne propose les sensations uniques d’une Morgan.

Nos remerciements à Autobritt S.A. aux Acacias (Genève) pour la mise à disposition de cette nouvelle Morgan Plus Four.
