Texte : Claude-Alain Ferrière

Lancée en avril 1934, celle qui se nommait d’abord Citroën 7 – comme 7 chevaux fiscaux – a rapidement adopté le nom de « Traction Avant » en référence à son mode de transmission.

Si la Citroën Traction a autant marqué les esprits, c’est pour plusieurs raisons :

  • Son mode de transmission révolutionnaire sur les roues avant. C’est la première automobile grand public avec roues avant motrices et cela lui vaut rapidement de devenir la référence en termes de tenue de route et de confort.
  • Surnommée « la voiture aux 100 brevets », elle introduit quantité d’autres innovations comme par exemple, une structure monocoque qui permet d’abaisser le centre de gravité, des freins hydrauliques ou une suspension à barres de torsion indépendante sur les quatre roues.
  • Une silhouette unique, inspirée des « Streamliners » et reconnaissable au premier coup d’œil, qui marque les esprits pour plusieurs décennies, sur les routes mais également au cinéma elle s’associe une image de résistants et de gangsters.

Pensée pour relancer Citroën et mettre en avant l’esprit d’innovation constant de la marque, la Traction regroupe sur un seul modèle toutes les solutions techniques les plus modernes de l’époque, en faisant un véhicule très en avance sur son temps.

Ce sont pas moins de 760’000 exemplaires qui ont été produits jusqu’en 1957. Ils ont bénéficié de nombreuses évolutions technologiques durant ces 23 années de production, comme l’introduction d’une boîte à vitesses automatique ou d’une crémaillère de direction en 1936 par exemple.

Elle demeure aujourd’hui encore un emblème de la marque aux deux chevrons qui incarne la technologie et le confort au service de la mobilité individuelle.

Les différents modèles de Traction sont les suivants :

  • La pionnière, la 7A, voit sa production débuter le 18 avril 1934. Son moteur est un 4 cylindres en ligne longue course (72 x 80 mm) de 1’303 cm3 et 32 ch.
  • La 7B, sa remplaçante, est lancée en juin 1934. Elle voit l’alésage de son moteur progresser à 78 mm et gagne 3 ch. La cylindrée est alors de 1’529 cm3 et la puissance fiscale passe à 9 CV. Elle atteint déjà 100 km/h.
  • En juillet 1934 apparaît une version sportive, la 7S ou 7 Sport. Le moteur passe à 1’910 cm3 grâce à un alésage majoré à 100 mm. Il développe 46 ch (11 CV fiscaux) et permet à la 7S d’atteindre 115 km/h.
  • Août 1934 voit le lancement de la 11 avec le moteur de la 7S. Elle est plus longue (20 cm) et plus large (12 cm) que la 7.
  • En septembre 1934, la 7B est remplacée par la 7C dont le moteur évolue encore. Sa puissance fiscale demeure de 9 CV malgré une cylindrée qui passe à 1’628 cm3 (72 x 100 mm) pour une puissance de 36 ch.
  • La 11AL ou 11 Légère remplace la 7S en octobre 1934. C’est une carrosserie de 7 avec le moteur 11 CV mais elle adopte le niveau de finition plus élevé de la 11A.
  • Les 11B et 11BL remplacent la série A en février 1937. Simultanément, une série de 500 exemplaires baptisée 11AM (11 Améliorée) adopte une culasse spéciale.
  • Avril 1938 voit le lancement d’une version utilitaire dénommée 11C ou 11 Commerciale offrant 500 kg de charge utile. Elle dispose d’un hayon s’ouvrant en deux parties pour faciliter son chargement.
  • La 15 Six ou 15 Six G apparaît en octobre 1938, dotée d’un moteur 6 cylindres en ligne de 2’867 cm3 tournant à gauche et délivrant 77 ch (16 CV fiscaux). Sa carrosserie est identique à celle de la 11B mais avec un capot rallongé de 11 cm qui lui confère une personnalité particulière. Puissante et silencieuse, avec des qualités routières exceptionnelles pour l’époque, elle est rapidement surnommée « la Reine de la Route ». Dès septembre 1947, le sens de rotation du moteur est inversé et la dénomination devient 15 Six D.
  • Dès février 1939, la 7C reçoit un nouveau moteur baptisé 7 Economique qui réduit la consommation de 10%.
  • Toutes les versions adoptent un nouveau moteur dénommé 11 Performance dès mars 1939 qui fait passer la puissance de 46 à 56 ch. La production de la 7 s’arrête en 1941.
  • En mai 1954 apparaît la 15 Six H, première de la lignée à être équipée d’une suspension hydropneumatique à hauteur constante, suspension révolutionnaire reprise sur la DS19 une année et demie plus tard.
  • La dernière évolution de la 11 intervient en mai 1955 avec l’adoption du nouveau moteur 11D dont la puissance atteint 68 ch. Il préfigure ceux des futures DS19 et ID19. La production de la 11 s’arrête en juillet 1957.

La Citroën Traction a été produite avec plusieurs carrosseries : berline, coupé, cabriolet à pare-brise rabattable (roadster), carrosserie longue à six glaces latérales avec agencement familial 7 à 9 places, carrosserie longue 5 places « coupé de ville », commerciale mixte utilitaire-tourisme.

Primée aux concours d’élégance de Deauville, du Bois de Boulogne ou de Bagatelle, la Traction participe aussi à des raids d’endurance et établit plusieurs records dont celui des six jours à 111,183 km/h, soit plus de 16’000 km parcourus ! Elle est aussi adoptée par l’armée française durant la seconde guerre mondiale, puis par les hommes politiques après-guerre où elle devient voiture officielle d’état en France.

Dès 1968, elle inspire plusieurs clubs de collectionneurs qui s’y consacrent exclusivement, sur tous les continents. D’ailleurs, si un propriétaire d’une Citroën Traction habitant en Suisse Romande est disposé à nous laisser prendre le volant de cette élégante française, qu’il n’hésite pas à prendre contact avec la rédaction de Timeless Addict.

Pour fêter cet anniversaire de 90 ans, plus de mille équipages sont déjà inscrits pour se retrouver en Auvergne, sur le circuit de Charade, du 9 au 11 mai prochain.